La conception du projet Trinitalba

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Jean-François Pasqualini, architecte DPLG.

Tirer parti de la déclivité du terrain et de la diversité des éléments programmatiques a tout naturellement conduit, dès les premiers pas de l’étude, à travailler par superposition de volumes et de fonctions. La stratification était inévitable. Faire cohabiter des fonctions aussi éloignées qu’une grande surface alimentaire et une brasserie, des locaux de services à usage paramédical par exemple, des petites surfaces de bureaux, 55 logements et, en cours de chantier, une cantine scolaire devenait l’enjeu majeur du projet. Le faire en prenant en compte la diversité des environnements, à l’est les rivages et la mer, à l’ouest et au sud les montagnes, au nord l’école et le hameau rendait la démarche plus complexe. Il fallait donc tirer parti de la mixité fonctionnelle, de la nécessaire densité, de la déclivité du terrain et de l’environnement aux visages multiples pour créer un lieu de qualité, dont la pertinence serait renforcée par la proximité entre l’habitat du hameau et du projet d’une part, et les multiples services utiles à la vie quotidienne d’autre part (école, commerces, bureaux, lieux de détente, services…). L’étude et la mise en valeur des relations entre les différents éléments constituant ce système complexe, était alors l’étape à franchir.

La déclivité, 2 espaces et 2 accès

Les logements ne se vivent pas au même rythme qu’une grande surface commerciale ou qu’une brasserie. Naturellement, les espaces fréquentés par le public se rapprochent de la Route Nationale, tandis que les logements se tournent vers la mer et occupent la partie haute de la parcelle. Ainsi, la grande surface commerciale et la Brasserie sont implantées au niveau de la Route Nationale et sont accessibles depuis celle-ci. Les logements sont accessibles par le haut de la parcelle. La déclivité du terrain a permis la création de deux accès distincts et la préservation des modes de vie spécifiques de ces fonctions. Les services deviennent l’espace tampon, l’élément de liaison entre les 2 stratifications basse et haute. Ils bénéficient d’une double orientation (et double visibilité), de la Route Nationale et de l’espace arrière.

La superposition de lieux à usages différents

La strate basse est occupée par les commerces, et la strate haute par les logements. Les services permettent d’introduire l’espacement nécessaire entre la strate haute et la strate basse. La gestion de la superposition de 3 familles fonctionnelles éloignées et respectant des règlementations différentes en termes de sécurité incendie génèrent une complexité que nous avons dû prendre en compte avec la Maîtrise d’Ouvrage, en aménagement des protections spécifiques entre chaque strate et des liaisons verticales par moment différenciées, permettant la circulation des personnes à mobilité réduite entre les différents niveaux.

L’environnement et les façades du projet

Au cours de l’étude, ces deux notions ont très vite été liées. Le passage de l’environnement rapide et animé de la Route Nationale, à celui plus calme et plus lent caractérisant la partie haute de la parcelle, a guidé la démarche de l’esthétique du projet. Côté Route Nationale, les espaces commerciaux se dévoilent et s’ouvrent largement à la vision des passants et des usagers, tandis que les volumes d’habitations se protègent et se referment, derrière une jupe monolithique percée par les ouvertures de dimensions limitées. Les services constituant l’entre-deux, s’ouvrent mais le recul de la façade les protègent en partie tout en les conservant visibles de la Route Nationale. Sur l’autre versant, le bâtiment abritant dans sa partie haute des logements disposant d’une vue mer, s’ouvre largement. Les façades reculent laissant la place à de longs et larges balcons, s’habillent de stratifié bois gris clair et les ouvertures deviennent de larges portes fenêtres ou ensembles coulissants de 2,40 de hauteur.

L’esthétique du projet

La volonté de gommer les lignes inutiles, de présenter une architecture simple ont guidé l’esthétique du projet. Les retombées inutiles, les redents superflus ont été gommés au profit de lignes les plus pures et simples possibles. La recherche d’une architecture simple, modeste et élégante a conduit le projet.

La mixité, la densité et la démarche écologique

Introduire et gérer la mixité et la densité, rapprocher les fonctions pour apporter des conforts d’usage quotidiens et minimiser les déplacements, entrent dans la démarche actuelle de respect de l’environnement. Cette démarche a été prolongée par le respect de la réglementation RT2012, l’introduction de terrasses plantées et l’aménagement d’espaces verts extérieurs, comme le grand jardin implanté au cœur de la partie haute de projet. Les sols drainants des parkings limitent la perméabilisation des surfaces.

Tous ces efforts menés lors de l’étude avec la Maîtrise d’Ouvrage, permettront de proposer en liaison et en continuité immédiate du hameau existant de la Trinité, un lieu de vie complet, complexe et varié, dont la pertinence s’appuie sur la richesse des fonctions proposées et la gestion de leurs relations.